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En pierre, en béton, en métal, dressé sur un récif au milieu des flots, ou plus souvent construit à terre, sur un cap, une pointe, à lentrée dun port, le phare est un élément incontournable du paysage maritime. Vestige dune époque révolue depuis lavènement du radioguidage et du GPS, il témoigne dune aventure technologique et humaine hors du commun. Lhistoire des phares de France commence à la fin du XVIe siècle avec la construction dans lestuaire de la Gironde du phare de Cordouan. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, dautres tours sont construites, sur les îles de Ré, dOléron ou encore dOuessant, tant pour assurer la signalisation des côtes que pour garantir la défense du littoral. Malgré les améliorations techniques telles que le remplacement des foyers à bois ou à charbon par des lampes à huile et la mise au point du réflecteur rotatif pour éclairer tout lhorizon, lefficacité des phares demeure limitée et leur entretien problématique. Tout change au début du XIXe siècle avec lentrée en lice des ingénieurs des Ponts et Chaussées, responsables désormais du balisage et de léclairage des côtes françaises. Lun deux, Auguste Fresnel, fait un pas de géant en inventant un appareil lenticulaire révolutionnaire mis en place pour la première fois à Cordouan en 1823. Plus économe, il permet daugmenter considérablement la portée du signal lumineux. La France peut désormais se lancer dans un programme ambitieux: la création, sur lensemble de ses côtes, dune « ceinture lumineuse » où chaque phare « étoile » sera identifiable par sa portée et son signal. En 1800, la France comptait une quinzaine de phares; soixante-dix ans plus tard, on en dénombre 291, édifiés sur la côte mais aussi en pleine mer, tel Ar-Men dont la construction, à lextrémité de la chaussée de Sein, durera 14 ans, de 1867 à 1881. A cette date, Paris est devenue la capitale industrielle des phares et sa production illumine le monde. Cest le temps des gardiens et de la veille du feu, mais également celui des baliseurs, où marins et ouvriers embarquent pour entretenir lensemble des « aides à la navigation »: tourelles, bouées, balises, amers. La vie au phare est celle dun bateau de pierre: le rythme du quart, lautonomie en vivres et en matériel, le bruit des machines un groupe électrogène, une sirène de brume -, lodeur tenace dhuile Chacun maîtrise le temps comme il peut. Dans les phares en mer, les conditions de vie sont plus contraignantes encore et lisolement presque carcéral. Certains ont baptisé ces phares les « enfers », par opposition aux phares à terre (les « paradis ») ou dans les îles (les « purgatoires »). Cette dénomination a contribué au mythe des phares et inspiré poètes, romanciers et cinéastes.
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